Du caisson d'isolation sensorielle au cocon de flottaison ( meïsō )

 

Histoire de la flottaison en Isolation Sensorielle

Si l’isolement et l’ascèse, sont pratiqués depuis des siècles, comment est apparue l’idée de s’isoler dans un caisson d’isolation sensorielle ? De plus, rempli d’eau enrichie en sel de magnésium à température du corps. Et quelle a été l’évolution de l’industrie de la flottaison au cours des dernières décennies ?

Les années 50 – Questionnements

Tout d’abord, l’histoire de la flottaison en isolation sensorielle commence dans un laboratoire. Au début des années 50, une grande question dans le monde des neurosciences apparaît. Est-ce que le cerveau est simplement un organe réagissant aux stimuli extérieurs ou y a-t-il une force interne à laquelle il réagit également ? Il y donc eut plusieurs théories. La plupart des scientifiques pensaient que nos cerveaux s’arrêteraient dans un état sans rêve de type coma. Cependant, d’autres pensaient que le cerveau continuerait de générer des expériences que l’on devrait interpréter. Un homme, John C. Lilly décida alors de résoudre ce mystère.

 1954 – Le 1er caisson

En 1954, Lilly commence par construire le premier caisson d’isolation sensorielle au laboratoire du National Institute of Mental Health. À ce moment-là, d’autres chercheurs avaient essayé de créer des expérimentations d’isolation sensorielle. En effet, ils allongeaient des personnes dans des chambres noires. Elles étaient de plus enveloppées dans des cylindres de carton pour les isoler de leurs sensations corporelles. Les résultats ne furent guère concluants à cause de l’inconfort du dispositif. Le caisson de Lilly, en revanche, comportait de l’eau à température de la peau. Ainsi cela permettait de flotter confortablement tout en réduisant la sensation du toucher. C’est un peu comme se retrouver avant notre naissance.

Mais, c’était encore loin d’être parfait. Pour l’un de ces caissons, il fallait être totalement immergé tout en portant un masque avec un tuba. Il fallait parfois même retenir sa respiration.

Les résultats étaient cependant très intéressants. Les personnes ne basculaient pas dans un état semi-comateux. Au contraire, Lilly trouva que de plus en plus de personnes en ressortaient émerveillées, rapportant également des récits d’explorations personnelles. Ceci encouragea Lilly à continuer ses recherches sur les caissons de flottaison. Pour cela, il a créé d’autres caissons sensoriels dans différents laboratoires aux États-Unis.

1972-73 – De Nouveaux Caissons

Pendant les 20 années qui suivirent, la flottaison resta exclusivement un phénomène de laboratoire. Jusqu’à ce qu’en 1972, Lilly rencontre Glenn et Lee Perry. Il leur demanda de créer un caisson d’isolation sensorielle commercialisable que les personnes pourraient avoir chez eux. Ils appelèrent ces boites les ¬´ Samadhi. Le couple Perry et John Lilly ont alors travaillé ensemble pour développer ce caisson. En 1973, le premier Samadhi était prêt et l’industrie de la flottaison émergea ainsi.

1979 – Le 1er Centre de Flottaison

Ce n’est cependant pas avant 1979 que le premier centre de Flottaison Samadhi vu le jour avec 5 caissons à Beverly Hills. Ce centre rencontra un succès incroyable et son principe fut donc copié dans plusieurs Etats. Des centres sont alors apparus dans chaque grande ville et de nouveaux industriels sont entrés sur le marché. L’entreprise Samadhi ouvrit par la suite un centre de 20 caissons à San Francisco. Ce centre, en plus de servir de show room, fonctionnait également à plein régime.

Début 80 – Le Boom

Le début des années 80 marqua le grand essor des centres de flottaisons. C’est dans cette période que la première association américaine de flottaison fut formée : The US Float Tank Association. Une vague de recherches compléta les travaux de Lilly. Des scientifiques testèrent les effets de la flottaison sur le stress, sur l’arrêt des consommations addictives comme le tabac, sur la sensibilité à l’hypnose, etc.

Les chercheurs Peter Suedfield et Roderick Borried créèrent le terme REST (Restricted Environemental Stimulation Therapy) pour remplacer le terme ¬´ sensory deprivation. L’IRIS (International REST investigators Society), un groupe de chercheurs dédiés à l’exploration des possibilités du caisson de flottaison fut créé.

Les caissons de flottaison en isolation sensorielle attirèrent l’attention des médias. Les célébrités ont commencé à les utiliser et à en acheter (Michael Crichton, George Carlin qui parlait de la flottaison comme sa ¬´ véritable méthode de relaxation) . Des conférences annuelles furent tenues par la Float Tank Associate et l’IRIS pour faciliter l’expansion de l’industrie et partager les nouvelles recherches. Le monde de la flottaison se développait à grands pas.

Milieu des années 80 – Le Déclin

Cette montée en puissance as cependant était rapidement freinée. Et c’est une histoire curieuse à lire à la lumière de nos connaissances actuelles. Pourquoi est-ce qu’une industrie si florissante s’est si soudainement écrasée ? La réponse la plus probable est liée à l’épidémie du SIDA. À ce moment-là, on était choqué de voir la Princesse Diana serrer la main de malades du SIDA et cette peur liée au manque d’information sur la transmission du virus concerna également les milieux aquatiques publics. L’industrie naissante de la flottaison n’a pas survécu à cette frayeur de la contamination.

Les années 1990 – Calme plat

Dans les années 90, l’industrie de la flottaison fut mise entre parenthèses. De nombreux centres ont alors arrêté leur activité. La flottaison est devenue une expérience plus intime que certains pratiquaient dans des cercles d’amateurs. Seul le centre londonien, FloatWorks, créé en 1993, commença à donner une nouvelle vision de la flottaison en Europe.

Les années 2000 – La Renaissance

Ce n’est que plus tard que la flottaison refit surface. Mis à part le Space Time Tanks à Chicago, la plupart des grands centres de flottaison américains et européens ont ouvert leurs portes dans les années 2000.

2010 – Le 2ème Boom

L’industrie de la flottaison semble connaître un renouveau fulgurant ces dernières années, en particulier aux États unis, mais aussi en Europe (avec l’Angleterre et l’Allemagne en précurseurs). Au même titre que l’expansion des praticiens de yoga, les amateurs de flottaisons sont alors de plus en plus nombreux. On estime que le nombre de centres à triplé ces 3 dernières années aux États-Unis. De plus en plus de centres sportifs ainsi que d’hôtels prestigieux, s’équipent en cocon de flottaison. Chaque année, des centaines de nouveaux acteurs participent à la Conférence Internationale sur la Flottaison, qui a été créée en 2010.

2013 – Naissance de ( meïsō )

C’est après avoir lu de nombreux articles scientifiques sur le Float REST et flotté plusieurs fois à Londres que nous avons eu envie de créer ( meïsō ) – Le centre de flottaison – à Paris. Et comme aucun caisson d’isolation sensorielle ne nous satisfaisait complètement, nous nous sommes donc lancés dans la construction de nos propres cocons de flottaison entièrement repensés. Pour cela nous sommes parties loin du “sarcophage”, “frigo” ou “œuf tuning”, installés de plus dans des salles froides en carrelage, éclairées par des néons… (que nous avions vécu.)

Fort de notre première année d’ouverture et des retours de tous nos flotteurs, nous avons créé un nouveau modèle. En effet, il est encore plus grand et sous forme de bassin individuel pour les personnes claustrophobes et amateurs de grands espaces. Vous pouvez ainsi expérimenter ces deux modèles uniques au monde dans nos centres : La Paillasse pour le cocon, et L’Oasis Barbès pour le bassin. Nous recevons uniquement sur rendez vous (sinon vous n’arriverez pas à nous trouver, car nous sommes très cachés pour être au calme de la ville)

 

Merci à nos amis de FloatOn, pour leur partage d’information sur l’industrie de la flottaison

Texte et photo de Alexandre KOURNWSKY

Portrait Alexandre kourwnsky Fabricant de cocon.
Alexandre Kournwsky

Designer expérimentateur, il s’est spécialisé dans le lien entre l’homme et les nouvelles technologies. Les projets qu’il a menés lors de ses études à l’ENSCI les Ateliers lui ont donné le goût d’entreprendre. C’est en travaillant avec un laboratoire de recherche à Grenoble sur les états modifiés de consciences qu’il a découvert l’isolation sensorielle. En rencontrant Maïté, le projet (meïsō) se concrétise.

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